Federación Foros por la Memoria
Comunicados y Documentos de la Federación
Noticias
Agenda
Artículos y Documentos
Home » Noticias

Historia de los republicanos españoles: ya es hora de hablar justo

Henry Farreny, | 10 julio 2011

Carta de Henry Farreny al diario Le Marselleise

 

» Una guerra civil que opuso los nacionalistas a los republicanos » : he aquí lo que generalmente se transmite a los alumnos cuando se les habla, en algunas frases o en algunas líneas, del conflicto que abrasó España entre 1936 y 1939. Lo que se transmite a los adultos a menudo es parecido : véanse libros, periódicos y televisiones.

Sin embargo: ¿» guerra civil «, «nacionalistas», expresan bien lo esencial? ¿Caracterizan bien estas palabras lo que lo que fue la guerra de 1936, lo que eran y quedan los “franquistas”?

Cuando se sabe el papel determinante que desarrollaron las tropas alemanas, italianas, portuguesas y marroquíes, no es serio reducir la guerra a una pelea entre españoles. En gran parte fue una guerra contra el fascismo europeo coligado. El programa de los generales sublevados contra la República no era un programa nacionalista sino un programa totalitario similar a los programas del nazismo alemán y del fascismo italiano.

Por supuesto siempre conviene completar (extender, profundizar, estructurar, ajustar) el conocimiento colectivo llamado Historia. Simultáneamente, conviene expresar mejor lo esencial. Compartir la cultura exige mejores síntesis: mejor fundadas y decantadas. En las escuelas, para la juventud, para mucha gente, lo esencial de la Historia debe ser expresado y transmitido en pocas palabras. Pocas palabras, pero las mejor meditadas posible.

Pues, como decía Albert Camus: » mal nombrar las cosas, es aumentar a las desgracias del mundo».

A la incorrecta denominación: «nacionalistas» podemos racionalmente sustituir: «fascistas». A la impropia expresión: » guerra civil » podemos racionalmente sustituir: » guerra antifascista «, incluso » guerra antifascista europea «. Podemos también emplear nombramientos menos ricos de informaciones pero sin embargo pertinentes como, por ejemplo: «antirrepublicanos» y » guerra de 1936-1939 «.

Viene luego la segunda cuestión: ¿ cómo se impusieron las denominaciones deformantes de » guerra civil » y «nacionalistas»?

El último presidente de la República española antes del exilio, Manuel Azaña, decía: «La Historia, la escriben los vencedores».

Efectivamente, las denominaciones precedentes no son sólo deformantes, sino también partidarias: han sido impuestas por los rebeldes y sus sostenes.

Querían presentarse como “nacionales» (o por deslizamiento: “nacionalistas”).

Repitiendo constantemente  “guerra civil» querían enmascarar el carácter internacional de la guerra.

En España, durante 40 años la tabla de lectura de los fascistas, artesanos y beneficiarios de la guerra, fue la sola manera de contar la Historia.

¿ En España de acuerdo, pero en Francia?

Es que, plausiblemente, la Historia no es escrita sólo por los vencedores: es escrita también por los que ayudan a los vencedores y por los que les soportan sin moverse.

Incontestablemente, los partidarios de la «No Intervención» de 1936-39, y los partidarios de La “Segunda no Intervención de 1944-46” (la que no se atreve a decir su nombre, pero que conviene analizar en plena luz) desempeñaron un gran papel para intentar reducir abusivamente la guerra de España a sus aspectos fratricidas y presentar Franco como un patriota.

En este contexto ideológico encorsetado, el conformismo acrítico de ciertos intelectuales acabó el trabajo.

Ya es hora de hablar justo.

 

Enrique Farreny

profesor de universidad honorario

 

Histoire des républicains espagnols : il est temps de parler juste

 

« Une guerre civile qui a opposé les nationalistes aux républicains » : voilà ce qu’on transmet généralement aux élèves quand on leur parle, en quelques phrases ou en quelques lignes, du conflit qui a embrasé l’Espagne entre 1936 et 1939. Ce qu’on transmet aux adultes est souvent de la même veine : voyez livres, journaux et télés.

Pourtant : « guerre civile », « nationalistes », est-ce que ces mots expriment bien l’essentiel ? Est-ce que ces mots caractérisent bien ce que ce que fut la guerre de 1936, ce qu’étaient et restent les « franquistes » ?

Quand on sait le rôle déterminant que jouèrent les troupes allemandes, italiennes, portugaises et marocaines, il n’est pas sérieux de réduire la guerre à une querelle entre Espagnols. Pour une très large part, ce fut une guerre contre le fascisme européen coalisé. Le programme des généraux soulevés contre la République n’était pas un programme nationaliste mais un programme totalitaire proche du nazisme allemand et du fascisme italien.

Bien sûr il convient de toujours compléter (étendre, approfondir, structurer, ajuster) la connaissance collective appelée Histoire. Simultanément, il convient d’exprimer mieux l’essentiel. Partager la culture exige de meilleures synthèses : mieux fondées et décantées. Dans les écoles, pour la jeunesse, pour beaucoup de gens, l’essentiel de l’Histoire doit être exprimé et transmis en peu de mots. Peu de mots, mais le mieux médités possible.

Car, comme disait Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ».

A l’incorrecte appellation « nationalistes » on peut rationnellement substituer : « fascistes ». A l’impropre expression « guerre civile » on peut rationnellement substituer : « guerre antifasciste » voire « guerre antifasciste européenne ». On peut aussi employer des désignations moins riches d’informations mais néanmoins pertinentes comme, par exemple : « antirépublicains » et « guerre de 1936-1939 ».

Vient ensuite une deuxième question : comment les dénominations déformantes de « guerre civile » et « nationalistes » se sont-elles imposées ? Le dernier président de la République espagnole avant l’exil, Manuel Azaña, disait : « La Historia, la escriben los vencedores » (l’Histoire, elle est écrite par les vainqueurs).

Effectivement, les appellations précédentes ne sont pas que déformantes, elles sont partiales : elles ont été imposées par les partisans des factieux. Ils tenaient à se présenter comme « nacionales » (nationaux ; puis par glissement : nationalistes). En ânonnant « guerre civile » ils tenaient à masquer le caractère international de la guerre. En Espagne, pendant 40 ans la grille de lecture des fascistes, artisans et bénéficiaires de la guerre, a été la seule manière de raconter l’Histoire.

En Espagne d’accord, mais en France ?

C’est sans doute que l’Histoire n’est pas écrite que par les vainqueurs : elle est écrite aussi par ceux qui aident les vainqueurs et par ceux qui les supportent sans broncher.

De toute évidence, les partisans de la « Non Intervention » de 1936-39, et les partisans de La Deuxième Non Intervention de 1944-46 (celle qui n’ose pas dire son nom mais qu’il convient d’analyser au grand jour) ont joué un grand rôle pour tenter de réduire abusivement la guerre d’Espagne à ses aspects fratricides et faire passer Franco pour un patriote.

Dans ce contexte idéologique contraignant, le suivisme acritique de certains intellectuels a fait le reste.

Il est temps de parler juste.

Henri Farreny

professeur des universités honoraire