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Zapatero veut panser les plaies du franquisme. Polémique autour des cérémonies de réconciliation
Le Figaró - 13 octobre 2004


Madrid : Diane Cambon

La fête nationale espagnole n'a pas échappé, hier, à l'empreinte du nouveau gouvernement socialiste. Le jour de l'«hispanité», en référence à la date anniversaire de la découverte des Amériques par Christophe Colomb, le 12 octobre 1492, devait être marquée en effet par l'esprit de conciliation, cher au nouvel exécutif, élu le 14 mars dernier. Outre un hommage rendu aux 191 victimes des attentats du 11 mars, le gouvernement de gauche a voulu panser les plaies du passé. La cérémonie, dédiée aux combattants morts pour la patrie et célébrée par le roi Juan Carlos, s'est déroulée en présence d'anciens combattants républicains et franquistes. Une première depuis le retour à la démocratie qui a suscité une polémique.



Le gouvernement Zapatero a également imprimé sa marque au traditionnel défilé militaire. Pour illustrer le virage pro-européen de sa diplomatie, le gouvernement Zapatero avait invité un détachement français du bataillon d'infanterie de marine du Tchad à participer à la parade. Ils remplaçaient les marines américains, invités l'année précédente par le très atlantiste José Maria Aznar.



«La présence des Français est un hommage au 60e anniversaire de la libération de Paris, où participèrent des républicains espagnols engagés dans la 2e division blindée du général Leclerc», a commenté le ministre de la Défense espagnol, José Bono. En réponse aux critiques de l'opposition de droite qui l'accusent d'avoir évincé les «marines», il a déclaré que l'absence des soldats américains ne «modifiait en rien les bonnes relations avec les Etats-Unis», mais qu'elle «mettait fin à une subordination et à l'habitude de se mettre à genoux» devant l'Administration américaine.



L'an dernier, la participation des marines avait déclenché une polémique. José Luis Zapatero, alors dans l'opposition, était resté assis au passage de la bannière étoilée en signe de contestation à l'appui apporté par le gouvernement Aznar à la guerre en Irak.



Hier, l'hommage aux combattants des «deux Espagne» était l'événement le plus attendu. Sous l'égide du chef des armées, le roi Juan Carlos, le républicain Luis Royo et Angel Salamanca, le vétéran franquiste de la «division Azul» qui avait combattu avec les nazis sur le front russe au cours de la Seconde Guerre mondiale, o­nt déposé ensemble un rameau de fleurs au pied du monument aux morts. Considérée comme un «symbole de paix et de concorde» par le ministre de la Défense, cette initiative a provoqué une levée de boucliers parmi les associations de républicains de la guerre civile espagnole (1936-1939) et les partis de gauche alliés du gouvernement Zapatero. «La participation d'un vétéran de la division Azul constitue un outrage et une humiliation pour les millions de victimes du national-socialisme éliminées dans les camps de concentration et pour tous les combattants de la démocratie et de la liberté», ont déclaré dix organisations républicaines.



De leurs côtés, les partis nationalistes catalans ERC et CiU o­nt qualifié cette invitation d'«insulte à la mémoire historique» et de «non-sens». Quant au dirigeant de la coalition à majorité communiste Izquierda unida (IU , Gaspar Llamazares, il a boycotté la cérémonie, considérant que cette tentative de réconciliation «mettait sur un pied d'égalité ceux qui o­nt lutté pour les libertés et ceux qui les o­nt massacrées».