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Exposition “La guerre d’Espagne dans ses regards perdus et ses gestes désespérés”

L’Independant, 09-03-2013 | 13 marzo 2013

robert-capa-arrivee-de-refugies-encadres-par-les-gendarmes_287988_516x343La valise mexicaine, exposition présentée par l’International Center of Photography

 

 

Le 09 mars à 17h01 par Serge Bonnery | Mis à jour le 09 mars

La valise mexicaine, exposition présentée par l’International Center of Photography. Commissaire : Cynthia Young. Scénographie : Patrick Bouchain. Jusqu’au 30 juin au musée d’art et d’histoire du judaïsme.

La guerre d’Espagne dans ses regards perdus et ses gestes désespérés

En 1936, trois jeunes reporters rejoignent l’Espagne pour photographier la guerre aux côtés des Républicains. La valise mexicaine de Robert Capa, Gerda Taro et “Chim“ est exposée à Paris.

En avril 1938, la revue d’actualité The Fight publie la photo d’un enfant mort sur un tas de ruines. Cette image, comme toutes celles prises par Robert Capa entre 1936 et 1939 en Espagne, change notre regard sur le monde. Pour la première fois, on photographie la guerre au plus près. Dans sa vérité la plus crue. Grâce à une toute nouvelle invention : le Leica, ce petit appareil qui offre une grande liberté de mouvement.

Robert Capa, sa compagne Gerda Taro et David Seymour dit “Chim“, partirent pour l’Espagne dès les premiers jours du conflit avec la volonté de soutenir, à travers leur production photographique, le juste combat de la République. Certaines de leurs images furent publiées dans des magazines. Match, Life, Photo Times diffusèrent leurs reportages. L’hebdomadaire Regards du Parti communiste français en recueillit l’essentiel.

Gestes désespérés

On croyait le travail de ces trois intrépides témoins irrémédiablement perdu dans les agitations de l’Histoire. Conservés dans une valise, les rouleaux de pellicule ont été miraculeusement retrouvés au Mexique en 2007. Depuis, ils font l’objet d’une large diffusion par le livre (lire ci-dessous) et une exposition itinérante déjà présentée à Arles dans le cadre des rencontres photographiques et aujourd’hui proposée au musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris. La valise mexicaine de Robert Capa, Gerda Taro et “Chim“ révolutionne, en 1936, la conception traditionnelle du reportage de guerre.

En fixant son objectif sur des visages de femmes, d’enfants, personnalités ou d’anonymes, “Chim“ parle de la guerre dans la dimension tout humaine de ses gestes désespérés et des regards perdus, tel celui, saisissant, de cette fillette, entourée de ses poupées, réfugiée en novembre 1936 à Montjuïc. Robert Capa et Gerda Taro, eux, choisissent de ne pas quitter des yeux la ligne de front. Siège de l’Alcazar de Tolède (septembre 1936), bombardements à Madrid (février 1937), bataille à Teruel (décembre 1937), morts à Ségovie (juin 1937)… Partout, ces deux-là captent l’indicible de la guerre, ce dont nos caméras aseptisées et nos censures – qu’elles soient d’Etat ou d’âme – nous tiennent aujourd’hui cyniquement éloignés.

Force et courage

La conviction que tout doit être dit de l’injuste et du crime, Gerda Taro l’a payé de sa vie, écrasée par un tank fin juillet 1937 à la bataille de Brunete. Ses photographies de la morgue de l’hôpital de Valence, en mai 1937, montrent combien fut inflexible sa volonté de ne rien dissimuler de la barbarie. Voilà, sans doute, la leçon qu’à travers le temps, la valise mexicaine nous donne. Toutes ces photographies constituent bien sûr un témoignage capital pour l’histoire de la guerre d’Espagne. Mais ce que l’exposition – au moyen d’une scénographie efficace – donne à voir dépasse la dimension testimoniale. Robert Capa, Gerda Taro et “Chim“ avaient pris fait et cause pour la République espagnole. Ils eurent aussi la force et le courage de prendre partie pour la vérité. Sans faiblesse. Admirable.

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