Carta abierta al Sr. Bono de ACER
Amigos Combatientes España Republicana - Le 14 octobre 2004
François ASENSI Député de Sevran/Tremblay/Villepinte Maire de Tremblay-en-France
Le 14 octobre 2004
Monsieur Jose BONO Ministre de la Défense Ambassade d’Espagne en France
Monsieur le Ministre,
P ermettez-nous de vous faire part de notre émotion et de notre incompréhension face à l'amalgame historique qui a marqué la cérémonie officielle de la fête nationale. Vous avez choisi d'honorer Monsieur Angel Salamanca, un vétéran du franquisme parti combattre sur le front de l'est dans la « division Azul » au nom du nazisme.
En le faisant défiler avec Monsieur Luis Royo, un vétéran de l'Espagne républicaine engagé lui dans les troupes du général Leclerc pour la Libération de Paris, le gouvernement espagnol a permis que s'établisse une fausse symétrie. Ce faisant, il banalise une idéologie barbare et plus grave, il ouvre la voie à une réhabilitation pernicieuse.
L'hommage rendu à un soldat de l'hitlérisme a été reçu, légitimement, comme une insulte à la mémoire historique et aux valeurs universelles.
Une autorité responsable ne peut pas se compromettre avec une idéologie qui est à l'origine de la Shoah et qui a provoqué la plus grande barbarie de l'histoire humaine. Personne n'a le pouvoir de réconcilier l'inconciliable.
Aujourd'hui les attentes de réhabilitations morales et juridiques concernant la guerre civile en Espagne sont encore nombreuses. Une commission interministérielle a d'ailleurs été installée à ce sujet parce que le pardon n'est pas possible sans récupération de la mémoire historique et les réparations dues aux victimes.
Mais, il ne revient pas aux autorités de décréter l'oubli ou d'accorder le pardon au nazisme et à son idéologie. Banaliser les hommes qui incarnent les crimes et les massacres sur notre continent, c'est faire un pas vers le révisionnisme et tourner le dos aux valeurs qui ont permis que s'installe la paix en Europe depuis 60 ans.
« Oublier son passé, c'est être condamné à le revivre » a magnifiquement résumé l'écrivain Primo Levi.
Comme co-présidents de l'ACER (Les Amis des combattants de l'Espagne républicaine) nous ne pouvons rester sans réagir à la révision de ce passé, à un évident déni des valeurs de justice et de liberté pour lesquelles se sont battus nos parents.
Comme européens convaincus, nous regrettons vivement qu'ait été choisi le chemin du révisionnisme. Ce n'est pas sur ce terrain que pourra se construire l'Europe de la fraternité dont nous avons tous besoin.
Nous vous prions, Monsieur le Ministre, d'accepter l'assurance de notre haute considération.
François ASENSI Député de Seine-Saint-Denis Maire de Tremblay-en-France Président de l'ACER
Jean-Claude Lefort Député du Val de MarnePrésident de l'ACER
José Fort Président de l'ACER
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